Découverte d'Alexandre Jollien

Je viens de découvrir Alexandre Jollien et souhaite partager cette découverte avec celles et ceux qui passent de temps en temps sur ce blog. Une bougie dans la nuit ? oui j'en ai bien l'impression.  Son univers est décrit par Boris Cyrulnik comme un monde de gentillesse, de chaleur et d'intelligence, C'est en écoutant France Inter, le grand entretien de François Busnel, la semaine dernière que j'ai eu le bonheur de l'entendre. Je vous conseille d'ailleurs de postcaster cette émission Philosophe, un mot qui peut rebuter, mais cet homme est tellement encré dans le quotidien, son discours est tellement abordable et répond à mes questionnements. Je viens de réécouter à l'instant cette émission. Cet homme me touche, en plus il est drôle, il arrive en parlant de son désespoir, de sa vie avec son handicap, à me faire sourire. Je vais m'empresser d'acheter son dernier ouvrage : Le philosophe nu.

Je vous invite à aller sur son site à partir duquel je me suis permise d'extraire une de ses pharmacopée :

Pharmacopée n°11

                                            

« « Il m’a offensé, maltraité, opprimé, ridiculisé » ; Si quelqu’un nourrit de telles pensées, la haine ne le quitte jamais. »

Voilà ce que je lis dans le Dhammapada. Cela rappelle un exercice de l’école du portique. Les stoïciens, en effet, avaient développé une ascèse pour traquer les jugements de valeur qui viennent embrumer la réalité, exagérer les faits et nous vouer assurément à un malheur certain. Mais je retiens avec Spinoza que la réalité est parfaite, dès lors qu’on ne la juge pas, aurais-je envie de préciser.

J’ai croisé tel ami dans la rue, il m’a à peine salué et mon imagination va bon train : « Que lui ai-je fait ? » « Pourquoi m’en veut-il ? » Je pourrais déjà pratiquer un exercice spirituel simple, ou presque, en m’abstenant de juger, en cessant tout commentaire. Un conducteur ne me cède pas le passage, je ne récrimine pas, je ne me perds pas dans le commentaire : « Quel triste individu, quel sombre monsieur ! Il aurait dû s’arrêter ! » Et même si je juge, je ne me juge pas en train de juger. J’ai une fâcheuse tendance à prendre au sérieux toutes les idées qui me viennent à l’esprit. Tout ce qui me traverse la caboche a presque valeur d’évangile. Pourquoi s’y accrocher, pourquoi en faire si grand cas?